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Genèse de la Carrosserie des Porsche 911 2.0l de 1965 à 1969
Avant d’en arriver au dessin définitif de la 911, sa genèse n’a pas été un « long fleuve tranquille ». Sans entrer dans une longue litanie de détails ayant jalonné sa difficile gestation, on peut dire que dès le milieu des années 50, Ferry Porsche tout en faisant évoluer la 356, réfléchit à terme à remplacer celle-ci. Après divers essais il confie en 1957 le projet de dessin à Albretch Goertz excellent styliste qui de plus est allemand, ce qui ne peut que faciliter les échanges. C’est ainsi que naît la maquette de Type 695 sous sa plume.
Ce dessin ne plaît pas du tout à Ferry qui décide de partir d’une 356 qu’il fait couper en deux et recouvrir d’argile. Un côté est de nouveau confié à Albretch Goertz et son équipe, l’autre à l’équipe de l’usine, dont le fils de Ferry, Butzi. Les deux équipes modèlent à leur manière chaque côté et c’est sur la base de celui de l’équipe de l’usine (côté gauche) qu’une vraie carrosserie va être créée .
Cette première carrosserie est le type T7 qui sort en 1959 dont l’avant est proche de la future 911.
On le voit très bien sur ce prototype restauré exposé à l’usine aujourd’hui.
Ce n’est pas le cas de la partie arrière qui va recevoir des modifications grâce au coup de crayon de Butzi qui, sur une maquette miniature, va avoir l’idée d’en arrondir la forme en se basant sur l’arrière de la 356 tout en l’allongeant. Cette maquette porte le nom de 644.
Butzi affine son dessin et en 1961 il peut être fier de sa maquette en bois et métal grandeur nature dont sortira la 901/911 définitive. Si la grille du capot arrière n’est pas encore figée, on peut remarquer que celle des 997 s’inspirera de celle de cette maquette 44 ans plus tard…
Le bureau d’études travaille d’arrache-pied, car le temps passe et l’équipe est bien consciente que malgré toutes les améliorations apportées à la 356, celle-ci de par sa conception initiale ne va pas tarder à être dépassée et voir les marques concurrentes pointer le bout de leur nez.
Cette rarissime photo du bureau d’études, montre notamment dans le fond la 901, une maquette miniature et le futur volant.
Butzi continue à travailler avec l’aval de son père sur le projet et en novembre 1962 le premier prototype 901/1, châssis 13321 est présenté avec toute l’équipe de développement.
Une dizaine de prototypes est construite et c’est le cinquième de couleur jaune qui est présentée en première mondiale au public au salon de Francfort 1963. Hélas après avoir été utilisé par l’usine durant deux ans, ce prototype est détruit, mais heureusement quelques maquettistes en ont sorti une évocation relativement fidèle comme celle présentée ci-après.
Avant de devenir « 911 » comme nous l’avions précisé dans notre premier dossier consacré aux modèles 2.0, 82 exemplaires de « 901 » furent construits et vendus en 1964. Un de ces exemplaires retrouvés il y a quelques années a été restauré par l’usine et trône dans le musée.
À remarquer que sur ces 901 il n’y a pas de sigle sur le capot arrière alors que le nom Porsche est de couleur dorée. Les butoirs de pare-chocs sont dépourvus de protection caoutchouc alors que cette protection couvrant les baguettes de ces pare-chocs est très fine. Passons maintenant à l’examen des modèles 911 qui seront livrés à partir du dernier trimestre 1964.
Carrosserie des Porsche 911 2.0 – Millésimes 1965/1966 – Série 0
Détaillons les parties de carrosserie dont certaines d’entre elles vont ensuite évoluer au fil du temps. On remarque d’abord que les essuie-glaces chromés se rabattent côté passager dans le but de ne pas gêner par éblouissement le conducteur en position repos. Les vitres des projecteurs sont sphériques, héritage des 356. Tous les encadrements des glaces sont chromés et de nombreux importateurs commandent d’office l’option gratuite antibrouillard de marque Hella. Des vitres teintées dites « catacolor » sont par ailleurs proposées sur option.
De leur côté les grilles à côté des clignotants avant sont en laiton et fixées par quatre vis en 1965. Mais dès mi 1966 elles sont fabriquées dans un matériau moins coûteux (le zamac) comprenant du zinc et de l’aluminium notamment et sont fixées par deux vis.
Dès ce millésime il est également possible d’avoir le toit ouvrant électrique sur option (il était déjà proposé sur les 901).
Les clenches de porte ont un barillet saillant alors qu’une antenne radio est proposée en option.
Les rétroviseurs extérieurs de marque Durant sont sur option à gauche (sauf pour l’Allemagne où côté conducteur ils sont obligatoires) et à droite.
Lorsqu’on choisit un style plus sportif, en forme d’obus, ils sont de marque Talbot.
Sur le capot arrière, la grille est au départ assemblée à la main, mais vu le coût de main d’œuvre, l’usine fabrique des barres embouties et le montage est effectué par soudures. De son côté le premier sigle 911 apposé est disposé en bas du capot à droite avec des lettres obliques alors que le sigle Porsche est soudé.
Les jantes sont en acier de taille 4,5 pouces de large et de 15 pouces de diamètre équipées de pneus 165/80/15. Elles peuvent sur option recevoir un sigle central de couleur et sur une autre option gratuite être chromées.
En 1965 la plaque du numéro de châssis est fixée à côté de la serrure du capot avant, puis émigre sur le plancher, à côté de la roue de secours, mais au millésime 1966, elle revient posée à son endroit initial.
Lorsqu’on ferme le capot avant on remarque le blason de la marque qui mérite une petite explication. Celui-ci a été créé au début des années 50 par Ferry Porsche à la demande de Marc Hoffman importateur de la marque aux USA. Et c’est lors d’un repas avec ce dernier que Ferry le dessina sur une nappe de papier. D’abord posé sur les 356, celui-ci gardera le même graphisme jusqu’au millésime 1973.
Au fur et à mesure de l’avancement de nos dossiers, nous verrons que ce blason évoluera de manière très subtile au point que beaucoup de restaurateurs ont beaucoup de mal aujourd’hui à retrouver le bon blason correspondant au modèle qu’ils rénovent.
Dans ces photos extraites du catalogue options du millésime 1966, on trouve à compter d’octobre 1965, l’essuie-glace arrière apparaître en option. . De même apparaissent la galerie, les porte-vélos, les entourages des butées de pare-chocs, le pommeau en bois du levier de vitesse avec écusson. Les butoirs de pare-chocs peuvent aussi recevoir à partir de mi-1966 des protections caoutchouc sur option.
D’autres accessoires sont proposés notamment pour les séjours aux sports d’hiver comme les luges pour grands et petits.
À l’époque les sports d’hiver sont réservés à une clientèle aisée sensible aux publicités Porsche.
Carrosserie des Porsche 911 2.0 – Millésime 1967 – Série 0
Avant de parler des deux grandes nouveautés apparaissant pour ce millésime, c’est-à-dire la version Targa et les jantes Fuchs, examinons les quelques détails extérieurs qui changent. Commençons par le sigle 911 qui est dorénavant placé sous la grille de capot et les protections sur les pare-chocs sont plus larges.
Pour le reste peu de changements avec la conservation des parties chromées.
Genèse de la version Targa
Au début des années 1960, une rumeur court aux USA que les cabriolets non pourvus d’un arceau protégeant les occupants en cas de tonneau seront bientôt interdits….ce qui n’existera jamais ! Mais évidemment chez Porsche cette rumeur est prise au sérieux, car l’usine est en pleine étude afin de proposer sa 901 en version cabriolet en parallèle de la version coupé. Treize exemplaires en sont construits et seuls deux ont survécu dont celui-ci restauré récemment.
Ayant abandonné l’idée de lancer la fabrication du cabriolet (les cartes grises elles garderont le terme de cabriolet pour les Targa) Ferry demande à Butzy de dessiner une nouvelle carrosserie. Ce dernier propose alors la pose d’un arceau avec une sorte de capote enroulable latéralement qui est présenté aux salons de Francfort et Paris 1965 avec une lunette souple en vinyle à l’arrière. Trop compliqué à fabriquer cette version est abandonnée et au final un toit rigide est choisi avec une lunette souple qui, peut se glisser sous un cache capote fixé par boutons pression.
Voici la lunette souple qui s’ouvre par une fermeture éclair. Noter le sigle Targa en lettres dorées alors que sur cette première Targa, il n’y a pas d’ouïes d’aération sur l’arceau. De son côté le toit rigide est pliable.
Superbe publicité de la marque pour le lancement de ce modèle qui a choisi le nom de Targa en souvenir des excellents résultats de Porsche lors de la course de la Targa Florio en Italie sans oublier que Targa en italien veut dire par extension « protection ». Profitons-en pour introduire le sujet suivant relatif aux jantes Fuchs puisque cette publicité montre celles-ci qui équipent de série les modèles équipés du moteur 2.0S.
Les jantes Fuchs
Dès son lancement Ferry est conscient que la 911 mérite mieux que des jantes en acier. Alors il définit l’aspect et la structure de jantes en alliage léger forgé. Il s’adresse à la société Fuchs pour les fabriquer, celle-ci ayant prouvé ses qualités en fournissant à la firme les rouleaux destinés à équiper les chenillettes de l’OTAN que Porsche fabrique.
Leur coût de fabrication est cinq fois plus cher qu’en acier émaillé et deux fois plus cher qu’en acier chromé, résistant au voilage malgré les contraintes de la route et les kilomètres accumulés, c’est pourquoi elles seront toujours en option jusqu’en 1988 sauf sur certains modèles spécifiques de la gamme. Grâce à celle-ci, le poids unitaire des jantes passe de 9kgs à 5kgs, ce qui diminue les masses non suspendues au bénéfice de la tenue de route en virage.
Comme on le voit sur le cliché publicitaire ci-devant ces jantes de 4,5j de large d’un diamètre de 15 pouces en 1967 de référence 901 361 012 01 ont un aspect entièrement satiné sauf pour la partie autour des écrous de roues qui est peinte en noir.
La référence de la jante est inscrite en profondeur dans sa cuvette avec le préfixe 901 (exemple d’une jante 1967 de 911R). Pour être certain que les jantes Fuchs équipant votre 911 sont bien des originales, vérifier que la tête de renard (traduction en français de Fuchs) est bien à l’intérieur de celles-ci.
Pour en terminer sur les jantes Fuchs ajoutons qu’en cette année 1967, Porsche fabrique une vingtaine d’exemplaires de 911 destinées à la course appelées 911 R équipées de jantes en magnésium ayant un diamètre identique, mais en 6j et 7j pouces de large de référence 901 361 012 06 pour l’avant et de référence 901 361 012 05 pour l’arrière.
Carrosserie des Porsche 911 2.0 – Millésime 1968 – Série A
La mode est au noir et certaines parties chromées prennent cette couleur comme les essuie-glaces qui ne pouvant plus éblouir le conducteur sont dorénavant au repos de son côté. Pour les versions L et S Les jantes passent en 5,5j x 15 pouces avec, pour leurs versions Fuchs, le fond noir (référence 901 361 012 05) alors que la version T qui apparaît pour ce millésime conserve les jantes de 4,5j x 15 pouces.
La Targa peut recevoir sur option une lunette arrière fixe. Notez sur cet exemplaire les optiques supplémentaires qui dans ce cas sont montés sur des grilles spécifiques.
Enfin, la grille de capot est dorénavant dépourvue de barre centrale.
Les clenches sont modifiées dans un but de sécurité avec l’entourage du barillet par des parties saillantes empêchant son enfoncement en cas de tonneau, donc l’ouverture des portes.
Les rétroviseurs extérieurs Durant sont plus arrondis alors qu’en Allemagne et aux USA ils deviennent rectangulaires afin d’avoir une surface plus grande pour la visibilité du conducteur.
Quelques détails comme une protection latérale plus large des bas de caisse est posée (visible sur la photo ci-dessus) et le sigle Porsche du capot arrière des 911 T est de couleur argent, la couleur dorée des autres versions étant dans ce cas une option.
Par ailleurs les encadrements des vitres sont désormais en aluminium anodisé brillant en remplacement des chromes.
Carrosserie des Porsche 911 2.0 – Millésime 1969 – Série B
Compte tenu du caractère survireur de la 911, les ingénieurs décident d’en augmenter l’empattement qui passe de 2211 mmm à 2268 mm. On voit très bien sur cette photo que le cache d’accès au barres de torsion arrière est alors recouvert par la protection latérale (précisons que ce cache devient de la même largeur que sur la 911 S sur cette version E contrairement au millésime précédent où seule, la 911S en bénéficiait justement. De leur côté les déflecteurs de vitres avant deviennent fixes sur les coupés.
Les grilles avant diminuent en longueur permettant aux blocs optiques d’être plus grands. Les phares déjà modifiés en 1968 pour les versions S deviennent les mêmes pour toutes les versions, car équipées de phares à iodes, leurs glaces sont alors plates. A l’arrière des catadioptres apparaissent sur les pare-chocs alors que si le capot des versions T et E sont toujours en acier, celui des S est en aluminium.
Côté jantes, si les T conservent les 5,5j x 15 pouces les versions E et S passent en 6j x 15 aussi bien pour les modèles acier que les modèles Fuchs dont les références dans cette taille sont : 911 361 020 00. Les pneus deviennent alors des tailles basses en 185/70/15. Cependant comme la marque propose une option confort de son modèle E des jantes Fuchs en 5,5J de diamètre 14 pouces de référence 911 361 016 10 apparaissent équipées des pneus plus étroits au flanc plus haut, soit des 165/80/14.
Vu le prix élevé de l’option jante Fuchs, la marque propose également des jantes en magnésium de marque Mahle de coût moins cher ; malgré cela et l’intérêt de leur légèreté, elles ne connaîtront que peu de succès.
Pour en terminer sur les modèles 1969, noter que la version Targa voit son arceau recevoir trois ouïes d’aération.
Références des nuances des peintures et des options
Nous vous invitons, afin que vous puissiez trouver toutes les options et couleurs proposées sur l’ensemble des modèles 2.0, de vous reporter à nos guides spécifiques :
- le guide des codes couleurs des peintures des Porsche 911 Classic
- notre guide des codes options des Porsche Classics
Notre choix
Le rêve, pour peu qu’on en ait les moyens est de trouver une 901 pour son côté rarissime…mais attention à bien vérifier leur numéros de châssis. En s’en tenant exclusivement aux évolutions de la carrosserie, retenir un modèle 1968 semble le meilleur choix, car il a encore tous les chromes qui en font tout le charme. Les jantes Fuchs sont plus larges et plus élégantes de par leur couleur et se marient mieux avec la carrosserie que celles pratiquement totalement satinées de 1967. Ce qui est d’ailleurs incroyable c’est que leur dessin a si peu vieilli que la marque en a ressorti des versions modernisées sur les derniers modèles de 911. Ferry était véritablement un génie !
Alors même si sur cet exemplaire il manque les protections de bas de caisse (à rajouter évidemment pour que ce soit parfait), je pense que beaucoup de nos lecteurs craqueraient pour lui, car le mariage des chromes avec les jantes Fuchs polies, les déflecteurs coulissants (pour la dernière année sur les coupés, car cela perdurera jusqu’en 1975 sur les Targa), avec une couleur proche du cinquième prototype de la 901 en fond un modèle plus que désirable !
Numéros de châssis des 911 2.0
MODÈLES | MILLÉSIMES | NUMÉROS DE CHÂSSIS | PRODUCTION | ||
---|---|---|---|---|---|
901 ET 911 | 1965 | 300001 Ê303390 | 3390 EX | ||
911 | 1966 | 303391 305100 | 1700 EX | ||
911 coup | 1967 | 305101 308522 | 3422 EX | ||
911 S Coup | 1967 | 305101S 308523S | |||
911 Targa | 1967 | 500001 500718 | 718 EX | ||
911 S Targa | 1967 | 500001S 500718S | |||
911 T Coup reste du monde | 1968 | 11820001 11820928 | 928 EX | ||
911 T Coup reste du monde Karmann | 1968 | 11825001 11825683 | 683 EX | ||
911 L Coup reste du monde | 1968 | 11810001 11810720 | 720 EX | ||
911 S Coup reste du monde | 1968 | 11800001 11801267 | 1267 EX | ||
911 T Targa reste du monde | 1968 | 11870001 11870521 | 521 EX | ||
911 L Targa reste du monde | 1968 | 11860001 11860307 | 307 EX | ||
911 Targa reste du monde | 1968 | 11850001 11850442 | 442 EX | ||
911 Coup USA | 1968 | 11830001 11830473 | 473 EX | ||
911 Coup USA Karmann | 1968 | 11835001 11835742 | 742 EX | ||
911 L Coup USA Karmann | 1968 | 11815001 11815449 | 449 EX | ||
911 Targa USA | 1968 | 11880001 11880268 | 268 EX | ||
911 L Targa USA Karmann | 1968 | 11865001 11865134 | 134 EX | ||
911 T Coup tous pays | 1969 | 119100001 119100343 | 343 EX | ||
911 T Coup tous pays Karmann | 1969 | 119120001 119123561 | 3561 EX | ||
911 E Coup reste du monde | 1969 | 1192000001 119200954 | 954 EX | ||
911 E Coup reste du monde Karmann | 1969 | 119220001 119221014 | 1014 EX | ||
911 S Coup reste du monde | 1969 | 119300001 119301492 | 1492 EX | ||
911 T Targa tous pays | 1969 | 119110001 119111282 | 1282 EX | ||
911 E Targa reste du monde | 1969 | 119210001 119210858 | 858 EX | ||
911 S Targa reste du monde | 1969 | 119310001 119310614 | 614 EX |
Passionné parmi les passionnés, Thierry est avant tout un technicien hors pair. Rédacteur d’expérience, expert reconnu des Porsche à air, il est passé par les rédactions de RS Magazine (3 ans) et de Flat 6 (10 ans) avant de nous rejoindre en 2018. Pour Thierry, comme pour Léonard de Vinci : « Les détails font la perfection, et la perfection n’est pas un détail. »