Depuis la 959, Porsche dispose dans sa gamme de modèles d’exception, que l’on pourrait qualifier d’hypercars. Après les Carrera GT et 918 Spyder, la firme de Stuttgart se doit de proposer un nouveau modèle, en guise de vitrine technologique. C’est un pari complexe car l’erreur n’est pas permise. Plus commercialisée depuis 2015, la 918 Spyder a beaucoup apporté à Porsche. La nouvelle hypercar ne devra pas seulement offrir plus de chevaux… Elle devra aussi dicter les lignes directrices des futures sportives de la marque. À l’heure de l’électrification, le pari est plus risqué que jamais… Concilier les aspects écologiques sans braquer les puristes s’apparente à un parcours semé d’embûches.
L’importance de la vitrine technologique
Tout constructeur de voitures sportives se doit de faire rêver… Ce modèle prend généralement la forme d’une hypercar tutoyant le million d’euros. Au programme : des puissances très élevées, des accélérations extrêmement puissantes et des tirages assez limités. L’objectif n’est pas de démocratiser le modèle en question mais bien d’ancrer une image qui se déclinera sous une forme plus aseptisée sur les voitures futures.
La Porsche 918 Spyder fut d’ailleurs une réussite car le V8 atmosphérique fut complété par deux moteurs électriques, pour une puissance totale de 887 chevaux. Ce premier pas concret dans l’hybridation sportive a permis de mettre en avant les Cayenne et Panamera bénéficiant d’une architecture similaire (sans parler de puissance). Les consommations sont ainsi moins élevées que dans le cas d’un moteur essence seul sans pour autant sacrifier le plaisir… Et tout en faisant oublier le diesel. La 918 Spyder en est la parfaite illustration. D’ailleurs, de nombreuses célébrités ont craqué pour la 918 Spyder. Aujourd’hui encore, cinq ans après la fin de sa carrière et 918 exemplaires écoulés, elle est toujours très présente dans le cœur des passionnés… Malgré un aspect plus rigoureux qui contraste avec la Carrera GT et son V10 magique.
Une concurrence affûtée
Quand il s’agit de développer une voiture d’exception, les constructeurs ne regardent pas à la dépense. Les passionnés seront toujours présents. Et sur ce point, Porsche a pris du retard. Ferrari a dernièrement dévoilé la SF90 Stradale, qui remplace la LaFerrari. Cette dernière a recourt a un V8 biturbo hybride rechargeable pour une puissance cumulée de 1 000 chevaux. Destinée à célébrer les 90 ans de la firme de Maranello, le pari semble réussi même si certains regretteront un manque d’audace dans le design.
Quant à McLaren, la P1 a reçu une double descendance avec les modèles Senna et Speedtail. À défaut d’innovations majeures sur le plan mécanique, ces deux modèles ont pour eux un style bien affirmé et font écho au passé.
Enfin, Lamborghini proposera l’année prochaine la Sián à 63 exemplaires. Le V12 atmosphérique deviendra hybride pour une puissance cumulée de 819 chevaux. Là encore, le tirage sera limité à 63 exemplaires, en référence à l’année 1963, date de création de la marque italienne. La concurrence promet donc d’être assez rude et Porsche devra marquer les esprits pour tirer son épingle du jeu.
À quoi ressemblera la remplaçante de la 918 Spyder ?
Sur le plan esthétique : les derniers codes stylistiques étant relativement récents, Porsche pourrait ne pas en instaurer de nouveaux. Il faut toutefois s’attendre à un avant nettement remanié, avec des optiques plus acérées utilisant les dernières technologies et des traits plus affirmés. Il est possible que nous découvrions aussi de nouvelles lignes de boucliers, qui pourraient être reprises ultérieurement sur d’autres modèles sportifs. Porsche devra toutefois parvenir à séduire, avec une ligne que nous imaginons fluide, agressive mais sans aller dans l’excès.
Sur le plan mécanique : c’est la grande question… Porsche conservera certainement une architecture hybride. Un moteur thermique pur ne ferait pas écho aux décisions prises d’électrifier une partie de la gamme. Une mécanique 100% électrique ne plairait pas aux puristes… Et une hypercar ne peut pas se permettre de se fermer à une clientèle historique. Nous parions donc sur un moteur électrique, d’une puissance d’environ 1 000 chevaux. L’hybride rechargeable constituera le meilleur compromis. Quant à la base du moteur thermique, il pourrait s’agir d’un six-cylindres développé sur un projet de Formule 1… Avant d’être avorté suite au passage à la Formule E. Notons que Porsche a investi chez Rimac, un fabricant de supercars électriques… Et là, il est difficile de ne pas penser à la Mercedes AMG-One, qui bénéficie aussi d’une mécanique tirée de la Formule 1…
Au final, si beaucoup d’informations restent floues quant à cette future supercar, Porsche cherchera certainement à mettre tout le monde d’accord. Cela rappelle notamment les 718 Cayman GT4 et Boxster Spyder qui, contrairement aux autres versions, ont conservé le Flat-6. Dans un tout autre registre, cette supercar n’annoncera que du bon… Mais il faudra vous montrer patient. Le développement d’une telle voiture pourrait demander encore quelques mois… Et même sûrement quelques années.
Journaliste auto depuis plus de 10 ans. Fait une fixation sur les Porsche à air. Ne souhaite pas se faire soigner de cette addiction !