Pilote d’endurance, de rally, de dakar, de rally raid, rien ne peut arrêter Romain Dumas. Sportif de haut niveau, sa préparation pour les 24 heures du Mans a été interrompue par le début de la crise sanitaire. A travers cette interview exclusive, Romain Dumas nous fait part de son mode de vie et de son engagement professionnel qui ont été bouleversés pendant la période du confinement.
Comment avez-vous vécu le confinement ?
Je réside en Suisse, nous n’avons pas été confiné comme en France. Les commerces étaient fermés, mais nous pouvions sortir de chez nous, ce qui était agréable. Je le reconnais, j’ai eu de la chance.
Cela fait 20 ans que je suis dans le sport automobile et je n’ai jamais eu de temps pour moi. C’était étrange d’en avoir autant d’un seul coup. J’en ai profité pour faire beaucoup de sport et ainsi maintenir ma condition physique.
Votre vie professionnelle a été interrompue par cette crise sanitaire, que prépariez-vous à ce moment-là ?
Je participe depuis vingt ans aux 24 h du Mans, c’est la course la plus importante de l’année. Les préparations commencent entre les mois de mars et d’avril. C’est durant cette période où l’on atteint le point d’orgue de pression et de performance. Toute l’année tourne autour de cette course. Cela a été difficile psychologiquement d’admettre que la préparation de longue haleine n’a pas pu aboutir. J’ai ressenti un peu de frustration, ma routine a été entièrement chamboulée.
Heureusement, la course a été reprogrammée du samedi 19 au 20 septembre 2020. Je reprends donc la préparation et l’entraînement.
Comment vous-êtes vous occupé pendant la période de « quarantaine » ?
Du jour au lendemain notre vie s’est interrompue. Malgré tout, mon équipe et moi-même, n’avons pas arrêté de travailler. Nous sommes restés opérationnels, nous avions beaucoup de travail en attente. Par exemple, nous sommes en train de mettre au point deux 911 Groupes 4 pour le Tour de Corse historique. Nous avions de quoi faire donc aucune raison de fermer.
Personnellement, le confinement m’a démontré que je ne vivais qu’essentiellement pour ma passion, la course. Maintenant, que tu sois sportif, que tu sois riche ou pauvre, tout le monde a vécu cette vie figée dans le temps. Je ne réfléchis jamais à ma vie. Je ne fais que travailler ou conduire. Me reposer m’a permis de faire un peu le point.
J’ai du mal à penser comme les personnes qui disent que rien ne sera plus comme avant. Je pense que la vie va reprendre comme auparavant. Nous sommes formatés, certains pour travailler beaucoup, certains pour conduire et d’autres pour en faire beaucoup moins. Tout le monde va replonger d’ici peu dans le rythme dans lequel il était avant le confinement. À présent, nous avons même des vidéoconférences. On devient encore plus accessible.
Que vous a-t-il manqué pendant le confinement ?
Ce qui a été inhabituel pour moi était de ne plus être entouré des personnes avec qui je réalise mon année sportive : les équipiers, mon entourage professionnel. J’ai perdu toutes mes habitudes qui sont très importantes.
Depuis 20 ans, c’est la première fois que j’arrête autant de temps la compétition. Mais cela a été pareil pour tout le monde. Nous avons tous été sur le même pied d’égalité. Nous avons hâte de reprendre.
De quelle manière avez-vous gardé votre forme physique ?
Je me suis beaucoup exercé, entre 80 et 90 kilomètres de course à pied par semaine. J’ai profité de mon temps libre pour améliorer ma forme physique.
Une activité originale que vous avez découverte pendant ce confinement ?
J’ai découvert le jardinage, ce que je ne faisais jamais. Ce n’est pas devenu une nouvelle passion mais maintenant j’ai tout l’équipement nécessaire (rire). J’ai pu partager cette activité avec mon épouse.
Avez-vous cédé à la tentation de conduire votre Porsche durant ces mois d’arrêt ?
Oui mais ça a été assez drôle car je n’ai pas conduit pendant un bon moment, nous n’avons eu aucune restriction sur la conduite en Suisse. J’ai sorti ma GT3 RS 4.0L tout en faisant attention.
Comment voyez-vous l’avenir des courses automobiles ?
Je pense que la course automobile au niveau amateur ne connaîtra aucun changement. Certaines équipes vont avoir tout de même des problèmes budgétaires liés à cette crise. C’est une passion, donc quand nous avons les moyens financiers on la réalise et quand il y en a un peu moins on s’arrête. Pour ce qui est des constructeurs et des grandes marques, il va falloir quelques années pour s’en remettre, c’est évident. Je pense à la crise de 2008 qui les avait déjà affectés.
Pour moi, cela ne va pas changer grand chose entre Volkswagen et Porsche qui sont du même groupe. Il va nécessiter du temps pour analyser l’impact de la crise sur ces constructeurs. Il y aura une influence certaine du côté des courses chez Porsche et de l’ID.R chez Volkswagen.
Pour ce qui est de mon équipe, les dakars, les rallyes, Pikes Peak… Je suis bien conscient que ça va être plus difficile. Il y aura une discussion avec mes clients et partenaires constructeurs. C’est de l’extra, donc ce n’est ni prioritaire ni obligatoire.
Quelles sont vos compétitions, votre programme, agenda, vos objectifs à venir ?
Les prochaines courses avec Porsche sont :
• GT Word Challenge Europe
• 24 heures du Mans, du 19 au 20 septembre
• 24 heures du Nürburgring, du 24 au 27 septembre
• 24 heures de Spa, du 22 au 25 octobre 2020
Du coté de Volkswagen et de l’ID.R, je suis en attente étant donnée la crise sanitaire.